top of page

Marie Jousselin

​Juste parmi les nations

 

Marie Jousselin, est née le 9 février 1873 et décédée le 5 octobre 1954. Elle habitait à Sambin, un village isolé de 700 habitants. Elle et son mari, décédés en 1940, y avaient pris leur retraite après avoir travaillé comme cuisinière et jardinier au service de familles bourgeoises à Paris. 

 

Retraités, ils accueillirent des enfants de la ville pour les périodes des vacances, moyennant une contribution financière. La fille de Marie Jousselin venait passer les vacances chez sa mère avec sa fille. 

En 1939, le couple Fleischer, juifs allemands réfugiés à Paris, envoya leur fils Étienne, 4 ans, avec la fille de leur voisin chez Marie Jousselin. 

Benjamin Fleischer était originaire d’Odessa en Russie. Contraint de fuir son pays, il avait été emprisonné en Allemagne en 1934. Son épouse, Madeleine née Weiss, originaire de Munich, était issue de la bourgeoisie allemande. Ils s'étaient rencontrés lors du mariage d’une cousine et, en dépit de l’opposition de leurs familles, ils s’installent à Paris à l’automne 1934. Leur fils Étienne naît en 1935 et ils ouvrent un commerce de confection à Levallois-Perret. 


La guerre interrompt ce bonheur, Benjamin s’engage dans la Légion Étrangère. Le petit garçon – par sécurité – est mis en pension chez Marie Jousselin à Sambin (Loir-et-Cher). Étienne va passer toute l’Occupation chez sa "Mémé", seul enfant gardé par elle qui le couvre de son affection, sauf pendant les vacances, ou lorsqu’il est rejoint par une camarade, Jacqueline Mandel. Il va à l’école sous son vrai nom, accompagne sa "Mémé" à la messe. 


Benjamin Fleischer trouva du travail dans une mine et ensuite rejoignit la Résistance. Les parents envoient un mandat quand ils le peuvent et sa mère lui rend visite jusqu’en 1941. 

La grange de la maison de Marie Jousselin fut réquisitionnée et servit de dortoir à une dizaine de soldats allemands. Étienne qui parlait l’allemand engagea la conversation avec eux. "Mémé" se précipita pour éviter la catastrophe et lui interdit de sortir de la maison jusqu’à leur départ. Elle avait scolarisé Étienne dans la classe unique pour les enfants de 6 à 10 ans et il se lia d’amitié avec les petits villageois. "Mémé" l’emmenait à la messe chaque dimanche, car elle était catholique pratiquante.

 

Mais quand il voulut être enfant de chœur, elle le lui interdit parce qu’il était "israélite" alors qu’elle le faisait passer pour protestant. La population du village, hostile aux Allemands, était complice. Pour "Mémé", "une femme de devoir", sauver un enfant juif, "c’était sa façon à elle de résister et de lutter contre l’ennemi...". 


A la fin de la guerre, le petit Jean-Claude Bernstein a lui aussi séjourné chez la Mémé. Il a été témoin de l’attachement qu’Étienne portait à Marie Jousselin. La séparation fut difficile, mais Étienne revint passer ses vacances chez sa "Mémé" jusqu’à l’âge de 16 ans.

Le 27 octobre 2005, le comité français pour Yad Vashem a décerné à Marie Jousselin le titre de Juste des Nations.

 

Victor Kupermine (délégué pour la région Paris - Ile-de-France) a remis à ses ayants droit la médaille des Justes parmi les Nations décernée à titre posthume à Marie Jousselin pour avoir sauvé la vie d'Etienne René Fleischer. Cette cérémonie a été célébrée le dimanche 18 mars 2007 en la Mairie de Sambin.

 

Les Justes sont des personnes non-juives qui ont sauvé, au péril de leur vie et de celles de leurs proches, des Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. La médaille de Juste parmi les nations est la plus haute distinction décernée à titre civil par l'Etat d'Israël.

 

Pour en savoir plus sur les Justes parmi les nations :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Juste_parmi_les_Nations

 

Dimanche 29 avril 2012, en fin de matinée, le maire de Sambin, Marie-Noëlle Marseault, a inauguré la rue Marie-Jousselin située dans le lotissement près du stade en présence d'une partie de son équipe municipale et des porte-drapeaux d'anciens combattants.

 

Si cette date du 29 avril a été choisie pour cette inauguration, ce n'est pas un hasard. En cette journée des déportés, l'occasion était belle de rendre hommage à celle qui pendant la guerre avait hébergé quatre enfants juifs dont René Fleicher.

 

Après lecture du manifeste de la journée des déportés, Marie-Noëlle Marseault a dévoilé la plaque de la rue inaugurée et a repris les mots écrits par René Fleicher pour la cérémonie des Justes : « Avant que la guerre n'éclate, celle qu'on appelait " Mémé " avait la garde de quatre enfants. Mes parents l'informent qu'ils sont juifs et demandent s'ils peuvent m'héberger quelques semaines. J'y resterai six ans. Quelle raison poussa cette femme à renoncer à sa tranquillité pour venir au secours d'une famille juive ? Que des enfants proscrits du seul fait de leur naissance lui était insupportable, insoutenable. Son jugement, sa morale, son courage lui ont dicté son comportement. »

bottom of page