Au cœur des rivalités Blois - Angou
En 950, le comte de Blois, Thibault le Tricheur, avait installé des moines à Saumur, mais il y avait aussi implanté "La Maison de Blois" puisqu'il y avait construit un château-fort. C'était ainsi provoquer la "Maison d'Anjou" que de s'insérer dans le territoire de son comte, Foulques le Roux.
Par contre les Angevins étaient aussi aux portes du comté Blois-Touraine et même imbriqué dans celui-ci puisqu'il possédait les châtellenies d'Amboise, de Buzençais, de Châtillon-sur-Indre, de Loche et de Villentrois en Berry. De cet enchevêtrement de possessions ne pouvait naître que la guerre.
Le Comte Eudes Ier de Blois, fils de Thibaut allait devoir défendre ses terres contre son beau-frère Foulques-Nerra qui visait la possession du comté de Touraine y compris les revenus de l'abbaye de Marmoutier. L'Angevin porta la dévastation jusqu'au faubourfs de Blois tandis qu'en représailles, Eudes, (profitant de l'absence de Foulques parti en pèlerinage à Jérusalem) répondit par une expédition punitive en Anjou dont il confia le commandement à Gueldin, seigneur de Pontlevoy. Celui-ci sema l'épouvante et la ruine sur les terres ennemies.
En 980, Eudes Ier de Blois, pour barrer la Loire aux Angevins d'Amboise, fait construire un donjon qui sera à l'origine de Chaumont. Il meurt en 996 et face aux Angevins de Villentrois, son fils Thibault II érige un château à Saint-Aignant, en 1002. Aux malheurs de la guerre s'en ajoutaient d'autres… On vit dans une ambiance de fin du monde, les récoltes sont mauvaises, la famine et la peste font de terribles ravages et un quart de la population succombe.
C'est alors que l'Angevin Foulques-Nerra songe à la position de Mont-Reveau et considère qu'un fort bâti sur le coteau paralyserait à l'égard d'Amboise, gênerait les communications entre Pontlevoy et Saint-Aignant, fermerait la vallée du Cher vers Tours et deviendrait la sentinelle avancée de Loches contre toutes invasions Blaisoise. En 1005, de retour d'un pèlerinage en Terre Sainte, s'est emparé des bourgs de Nanteuil, de Bourré et du village de Mont-Reveau qu'il rasa pour y faire construire entre 1005 et 1010 une forteresse en bois qu'il appela Montrichard. Il en confia sa garde aux soldats du seigneur de Montrésor.
Un affrontement des deux partis était désormais inévitable, le Comte de Blois, Eudes II, frère de Thibault II, ne pouvait pas laisser les Angevins s'établir et fermer la navigation sur le Cher vers Tours.
Une guerre sur les terres Sambinoises
Le 5 juillet 1016, le Comte de Blois, Eudes II, parti au matin de sa forteresse Blaisoise. Il franchit le Beuvron au gué des Montils puis il parcouru environ 4 lieues (soit environ 6 km) et au soir, il fit planter les tentes de son armée à la lisière sud du bois de La Buzelière. Dès la pointe du jour, en ce matin du 6 juillet, Eudes avait rassemblé ses chevaliers avec lesquels il organisa l'ordre de route.
L'armée est nombreuse. L'Angevins Foulques avait rassemblé des troupes à Amboise mais il n'osa pas attaquer de front l'armée de Blois. Le plan d'Eudes était de prendre d'abord la position de Montrichard, de suivre la vallée du Cher et de marcher sur Monbayon (position que Foulques a pris aux portes de Tours pour bloquer la ville).
Pour descendre sur Montrichard, Eudes avait choisi de suivre les fermes "La Roisière", "Le Petit Puits" et "L'Ail Vert". Il gagnerait d'abord Pontlevoy avant d'aborder la forêt. Les premières bannières s'avancent maintenant sur le chemin poudreux, derrière chacune, un chevalier banneret entouré d'autres nobles et roturiers, tous hommes d'armes, derrière eux, les sergents à cheval plus légèrement armés, puis les gens de pied, archers et arbalétriers, les hommes armés de piques, tous ceux-ci sans cuirasse ni boucliers, ayant tout au plus les épaules protégées.
Une à une, les autres bannières s'élèvent et les troupes s'ébranlent. Au croisement du chemin qui conduit à la Croix de Juchepie, quelques manants âgés, des femmes et des enfants sont venus saluer et embrasser au passage les hommes de Cembiacus qui marchent derrière la bannière de Gelduin. Le Comte Eudes avait en effet proclamé la levée des troupes sur toute l'étendue et les "Hommes libres" qui n'ont pas été exemptés, faute d'avoir versé une contribution, doivent "L'Ost" pour 3 mois.
Bien que voyant les leur partir au combat, les gens du village ne sont pas sans espoir ! En effet, depuis leur enfance, ils ont été témoins des chevauchées dévastatrices des Angevins d'Amboise qui par petits groupes d'une dizaine de cavaliers viennent piller et brûler. Depuis 10 ans, l'ennemi est encore plus proche puisque Foulques s'est emparé de Mont-Reveau, et le seigneur Gelduin n'était pas là pour protéger ses gens, du fer et du feu de l'ennemi puisqu'il commande le bastion avancé de Blois, en Anjou et à Saumur. Mais l'armée qu'ils voient défiler aujourd'hui devant eux est nombreuse et puissante, jamais ils n'ont vu un tel rassemblement de guerriers. L'ennemi ne pourra lui résister… C'est la victoire et la libération proches.
Les éclaireurs de l'armée, parvenus à la limite de la plaine découverte, (emplacement actuel du Petit Puis) vont aborder le terrain qui constitue le point culminant du plateau et qui est alors couvert par ce "Bois Royal" dont il ne reste plus que quelques lambeaux. Soudain, les trois corps de l'armée angevine surgissent de la lisière…
Foulques ayant remonté la rive droite de l'Amasse, en suivant une ancienne voie romaine, avait posté ses troupes en embuscade sur le territoire de notre village, de façon à pouvoir faire front aux troupes d'Eudes sur la Voie consulaire ou sur le chemin de Blois à Pontlevoy.
"Eudes frappé de stupeur, s'arrête le cœur glacé". Cependant les Blaisois dont les troupes était beaucoup plus nombreuses, se sont ressaisis en déployant les leurs en un front aussi large que celui de l'ennemi et le combat s'engage.
Les premiers morts tombent sur les terres de notre village, mais la supériorité numérique d'Eudes contraint les Angevins à reculer et abandonner le terrain de combat choisi. C'est maintenant de l'autre côté de la bande forestière, dans la plaine qui descend vers Pontlevoy, entre les lieux-dits "L'Ail Vert", "les Pessons", la "Roncinière" et "'la Mahoudière" que la bataille fait rage. Les Angevins durement chargés reculent, Foulques a été désarçonné. Néanmoins même s'il fit reculer ses troupes vers le chemin d'Amboise, en vue d'une éventuelle retraite, il combat courageusement à pied.
Les Blaisois sont victorieux…
Le Comte d'Anjou qui avait fait remonter la vallée du Cher à son allié, le Comte du Mans qui avait établi son camp à Bourré. A la demande de Foulques, les hommes sont remonté très rapidement sur le plateau, ont pris à revers l'aile gauche ennemie et y jette la confusion. Les chevaliers d'Eudes ne pouvant résister, ont pris la fuite. Les gens de pieds étaient alors laissés à la merci des hommes d'armes qui en ont fait un carnage.
Ce soir du 6 juillet 1016 fut encore un jour de grand deuil pour le village de nos ancêtres et bien peu de ceux qui avaient rejoint les troupes d'Eudes réussirent à survivre.